Archives  Perdrizet

logo UL

La première guerre mondiale

Paul Perdrizet caporal au 41e RIT à la tête d'un peloton gardant un pont

Paul Perdrizet caporal au 41e RIT à la tête d'un peloton gardant un pont dans les alentours de Nancy (1915)

Paul Perdrizet fantassin au 41e RIT

Paul Perdrizet, fantassin au 41e RIT, dans une tranchée de la forêt de Haye (septembre 1914)

Claude Gallé en mer

Claude Gallé, belle-sœur de Paul Perdrizet, est sa correspondante privilégiée pendant la guerre pour suivre les affaires des Établissements Gallé

Première page du premier numéro du Bulletin périodique de la presse grecque

Premier numéro du Bulletin périodique de la presse grecque, 15 mars 1916

Disque votif à relief de satyres de la collection du Dresnay

Extrait du catalogue des antiquités de la collection du Dresnay (1918)

Marqueterie figurant des soldats britanniques de la première guerre mondiale

Plateau marqueté des Établissements Gallé figurant des soldats britanniques en marche

portrait_perdrizet.jpg

Paul Perdrizet montant la garde devant la Banque de France, à Nancy (1915)

L'année 1914 marque une double rupture dans la biographie de Paul Perdrizet : d'abord en raison de la mort d'Henriette Gallé, le 22 avril, puis avec le déclenchement de la première guerre mondiale, le 1er août. La réorganisation nécessaire des affaires Gallé conduit Paul Perdrizet à renoncer à ses projets de retour en Macédoine — devenue grecque entretemps par la suite des guerres balkaniques. Cet éloignement de ses travaux en Grèce, qu'il pense d'abord temporaire, devient définitif avec le hiatus créé par la guerre.

La disparition d’Henriette Gallé a davantage encore que la guerre des conséquences à long terme pour la carrière de Paul Perdrizet : aux termes de l’accord d’indivision familiale que signent les quatre sœurs héritières Gallé, Claude la benjamine exerce certes la gérance nominale des établissements Gallé et la garde de la maison familiale de l’avenue de la Garenne, mais c’est Paul Perdrizet qui est chargé de veiller sur les intérêts financiers et industriels de la famille. Émile Lang, déjà un des collaborateurs les plus estimés d’Émile Gallé, reste le directeur effectif des établissements Gallé : il en assure la gestion quotidienne, mais il ne prend aucune décision stratégique sans en référer d’abord à Paul Perdrizet. Robert Chevalier, un autre gendre d’Émile Gallé, lui-même industriel dans le textile à Épinal, joue aussi un rôle important de consultant tout en restant au second plan par rapport à Paul Perdrizet. Ce dernier s’était préparé à ce rôle, profitant en particulier de la dernière grande opération d’agrandissement de la fabrique, à l’automne 1910, pour se familiariser avec son fonctionnement. Dès cette date et bien plus encore à partir de mai 1914, jusqu’à la fermeture définitive et au démantèlement de l’usine en 1936, les affaires Gallé vont prendre du temps à Paul Perdrizet.

Fervent patriote, cet Alsacien d’origine, par sa mère, est presque obnubilé par l’idée de la revanche sur l’Allemagne : dès 1910, il appelle la guerre de ses vœux et c’est donc très logiquement qu’il s’engage comme volontaire le 3 août 1914, alors même que son âge (44 ans) l’en aurait dispensé jusqu’en mars 1915, date d’incorporation des classes 1889-1891. N’ayant pas suivi de préparation militaire, en raison de ses études, il est affecté comme simple soldat au 41e Régiment d’Infanterie Territoriale, basé à Toul. Il passe ainsi la première année de la guerre, promu rapidement caporal puis sergent, à creuser des tranchées dans la forêt de Haye ou à assurer des gardes à Nancy et dans ses environs immédiats. Si l’éloignement du front coûte à cet homme d’action, cette affectation sans risques a l’avantage indéniable de lui permettre de suivre sans trop de difficultés la remise en marche de la fabrique Gallé, qui intervient dès la fin de l’automne 1914.

En octobre 1915, lassé néanmoins de cette activité militaire peu en rapport avec son ambition et ses compétences, il tente en vain de faire valoir sa connaissance de la Macédoine pour demander à rejoindre l’Armée d’Orient à Salonique — où servent plusieurs camarades athéniens, ainsi, ironiquement, que son propre frère, Pierre Perdrizet, comme chauffeur-ambulancier. Par l’entremise de Bertrand Auerbach, doyen de la faculté des lettres, il obtient toutefois en novembre 1915 son transfert à Paris, comme interprète stagiaire au Bureau d’étude de la presse étrangère : dans ce service de traduction et d’analyse de l’information publiée par les journaux des différents pays belligérants, il est rapidement chargé de la presse grecque, dont il rédige à partir de février 1916 et jusqu’à la fin de 1918 le bulletin bimensuel.

Il déménage donc avec son épouse à Paris, en profitant pour mettre ainsi à l’abri des bombardements réguliers qui frappent Nancy, les collections les plus précieuses de la famille Gallé. Les affaires de la fabrique, qui poursuit sans interruption son activité de 1915 à 1918, malgré les difficultés d’approvisionnement et de transport, le ramènent régulièrement à Nancy, où réside encore sa belle-sœur Claude Gallé, infirmière dans un hôpital militaire.

Les obligations de son service comme les soucis de la direction des établissements Gallé le tiennent ainsi à l’écart de ses activités scientifiques pendant toute la guerre. Il rédige néanmoins les notices des Antiquités grecques de la collection du Vicomte du Dresnay, un luxueux catalogue publié hors commerce en 1918 par le propriétaire éponyme de cette collection.